[extrait] Nos âmes oubliées


Nous l’avons vu, un aspect de notre conscience n’est pas limité par notre enveloppe physique, ni par le temps ni par l’espace. C’est un fait scientifique observé et dont la réalité est prouvée, pas une croyance. Une part de nous, de notre personnalité, est immortelle. Toutes les traditions s’accordent là-dessus, et aujourd’hui la science les rejoint. L’homme est un être spirituel. 

Dès sa conception, dès ses premières secondes d’existence, notre cerveau travaille au développement de ce que l’on pourrait appeler une conscience cérébrale, c’est-à-dire la capacité d’un organisme ou d’une machine à fonctionner dans notre monde matériel. Cette conscience cérébrale dépend du bon fonctionnement de notre organisme. 

Mais cette conscience cérébrale émane de l’esprit. 

Elle éclot d’une conscience fondamentale, qui, elle, est le noyau de notre être non limité par la matière, le temps ou l’espace. Notre conscience cérébrale est une sorte de reflet, de version matérielle, densifiée, temporelle et amnésique, de cette conscience fondamentale. 

Notre âme est inaltérable. Elle est pur amour, pure compassion.

Notre conscience cérébrale développe et structure un certain nombre de traits de caractère qui se manifestent chez nous dès les premières années de notre vie. Avant l’âge de six ans, ces traits de caractère deviennent des modèles définitifs, puis, dans les années qui suivent, ils sont encore renforcés par les interactions avec notre environnement. 

Notre conscience cérébrale fabrique un masque.
Ce masque dont nous pensons bientôt qu’il est notre moi réel.
Alors qu’il est une fine couche rigide, sur la périphérie de notre âme. 

En effet, une fois apparue, notre conscience cérébrale devient autonome et oublie d’où elle provient. Elle recouvre tous les autres niveaux de conscience plus subtils, jusqu’à notre conscience fondamentale – notre âme. Dans notre vie quotidienne, la conscience fondamentale est totalement inhibée par la densité de l’activité de notre cerveau, et ne se manifeste plus que rarement, par des éclats subtils ; des rêves, des flashs, des sensations indéterminées. Ou lorsque l’activité du cerveau est temporairement stoppée, comme dans une expérience de mort imminente, ou lors d’une expérience mystique, induite par une prise de psilocybine, par exemple. La réalité nous est voilée. 

Notre corps est une forteresse cognitive. 

Mais c’est à travers notre corps que notre âme accumule des expériences. Nos vies sur terre sont ses expériences. Elles sont comme des couches de mémoire qui entourent le cœur pur de l’âme. Elles y laissent des empreintes. Le bon équilibre entre le corps et l’esprit, l’harmonie entre la conscience cérébrale et la conscience fondamentale sont la clé de la santé physique et psychique, comme de l’épanouissement spirituel. 

Comme le dit Ram Dass, « l’âme doit vivre avec un ego totalement opérationnel afin de pouvoir collecter les données favorables à son épanouissement. Le corps, l’ego et l’âme sont en étroite interdépendance. C’est pourquoi il est important de les honorer. Le premier est un temple précieux, le second le canal par lequel l’âme effectue son apprentissage ».

Stéphane Allix - Nos âmes oubliées - Albin Michel

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