[extrait] arrêter les pensées

 


Question: Si nous pouvions arrêter nos pensées nous serions heureux

        "Nous n'avons pas à arrêter nos pensées. Tout effort visant à arrêter la pensée est voué à l'échec, parce que cet effort même est une forme de pensée.

        Un roi se mourait. Il fit venir un fameux médecin, lui demandant de le guérir, faute de quoi l'infortuné médecin aurait la tête tranchée. L'astucieux médecin offrit une drogue qui guérirait le roi à coup sûr pourvu que ce dernier promette de respecter scrupuleusement ses directives. Le roi ayant promis, il lui fut demandé de s'abstenir de penser à un singe chaque fois qu'il prenait le médicament. Cela se révéla bien évidemment impossible. Le roi mourut et le médecin sauva sa tête. L'enseignement de cette histoire est que tout effort visant à ne pas penser nous force déjà à penser, de sorte que nous ne pouvons jamais atteindre notre but initial.

        Est-ce que les pensées arrivent à une fin ? Penser est peut-être utile pour jouer nos rôles, mais non nécessairement pour être ce que nous sommes.

        Les pensées qui ne sont pas utiles sont celles qui découlent de la notion d'être une personne. De telles pensées engendrent les émotions négatives: haine, séparation, colère, désir, etc. Tant que nous sommes convaincus être un corps né il y a quelques années et destiné à périr dans quelques années, il nous est impossible d'empêcher la naissance des myriades de pensées et de sensations qui découlent de cette conviction. Si nous essayons de nous y opposer par effort, par violence, cette répression risque de nous entraîner à l'asile. Il n'existe aucun moyen de stopper ces pensées tant que leur racine n'a pas été tranchée.

Comment passe-t-on de l'identification personnelle à la prise de conscience de notre nature véritable?

Il n'est rien que la personne puisse faire pour voir que la personne est une illusion. Cette illusion est tenace, mais il est des moments où nous en sommes libres. Nous avons alors l'occasion de prendre du recul et d'avoir un aperçu de cette présence que nous sommes tous, la conscience.

Quel est notre bien le plus précieux ? Ce n'est certes aucun des organes de notre corps. Le fait que nous nous soumettions à l'amputation d'un membre dont la condition menace notre vie nous en apporte l'évidence. Notre bien le plus précieux n'est même pas notre corps dans sa totalité. Ce que nous chérissons vraiment, c'est la conscience. La vraie question est : cette conscience est-elle dans le corps ou le corps dans la conscience ?"

Lucille Francis - Le sens des choses: Entretiens sur la non-dualité - Ed. Accarias L'Originel

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