[conte] Les habits du sage
Un Roi d’Inde, ayant entendu parler d’un Sage dont l’enseignement était réputé dans la région, l’invita à dîner.
Le jour précédent l’invitation, le grand Maître se présenta au palais dans l’habit de mendiant qu’il portait parmi ses disciples. Personne ne fit attention à lui.
Il entra, mais n’eut pas même le temps d’arriver à la salle à manger: les pages du Roi, voyant ce mendiant souiller de sa présence le sol royal, le menèrent vers les cuisines où on lui offrit quelques restes.
Le Sage ne dit rien mais s’en alla comme il était venu.
Le lendemain, il revint chez le Roi, cette fois-ci vêtu de sa plus belle tunique traditionnelle : on lui réserva une place d’honneur au milieu des convives de haut rang.
Dès que les pages apportèrent les plats, la réaction du Sage surprit tout le monde: il prit la nourriture dans ses mains et en fit une boule qu’il mit dans ses poches.
Le Roi choisit de ne rien dire. Mais, alors qu’on apportait le dernier plat, le grand Maître y plongea la main et en retira une pleine poignée de riz qu’il étala sur son vêtement en disant:
- Tiens, c’est pour toi, ma belle tunique .
Le Roi, n’y tenant plus lui lança:
- Serais-tu devenu fou, toi que l’on dit si sage ?
Après un long silence, le Maître répondit:
- Je me suis présenté chez toi hier dans mon habit de mendiant et l’on m’a donné les restes comme à un chien. Aujourd’hui, j’arrive richement vêtu et on m’honore. C’est donc mon manteau que l’on invite et non moi. Par conséquent, il est normal que ce soit lui qui se nourrisse. »
L'expression "l'habit ne fait pas le moine" nous dit que ce n'est pas parce qu'un homme est habillé en moine qu'il a une conduite vertueuse. De la même façon, l'étalage ne richesse ne révèle rien de la grandeur d'âme d'une personne. Méfions-nous des apparences et abstenons-nous de juger.
Auteur inconnu
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