Sciences et spiritualité
« Les sciences du cerveau nous font faire de magnifiques découvertes: notre intelligence est faite d'interactions entre émotions et raison. Contrairement à ce que l'on croyait, pour qu'il y ait émergence d'idées rationnelles, il nous faut laisser aussi une place à l'émotionnel. Par exemple, ce qui donne du poids à nos choix, c'est l'émotion positive qu'on en tire. Le neuroscientifique António Damásio (auteur de l'Erreur de Descartes, Odile Jacob) a été l'un des premiers à faire ce lien: il a en particulier mis en lumière le concept d'empathie qui reflète ce besoin vital de l'homme d'être en relation et de se mettre à la place de l'autre. Un besoin inscrit biologiquement en nous avant d'être développé par l'éducation, la spiritualité, la culture. Avec la plasticité cérébrale, on découvre aussi cette capacité qu'a notre cerveau, et pas seulement dans l'enfance, d'évoluer sans cesse tout au long de la vie.
On sait que plus notre cerveau aura des relations vivifiantes, empathiques, des liens sociaux développés, plus il sera résistant aux maladies, mieux il vieillira. Les neurosciences montrent enfin l'influence du psychique et du spirituel sur le biologique. On voit aujourd'hui les effets de notre vécu sur les connexions cérébrales, l'influence de l'environnement psychique sur la modulation des gènes, les effets de la méditation sur la plasticité cérébrale. Biologie, psychisme et spirituel sont comme enchevêtrés: c'est cet élément anthropologique essentiel que la démarche scientifique met enfin en lumière. La vision philosophique de l'humain « corps, âme, esprit », telle que les grandes traditions spirituelles l'ont énoncée depuis des siècles, se trouve en résonance avec les découvertes actuelles de la biologie. Ce n'est pas une "preuve", mais un signe (éthique): si nous voulons prendre soin de l'humain et du vivant, il faut le faire dans toutes ses dimensions. Science et anthropologie ont en ce sens beaucoup à partager. »
Thierry Magnin (physicien)
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