[article] Le temps du rêve chez les Aborigènes

En Australie, le peuple Aborigène possède une vision du monde tout à fait singulière et fascinante qui n'est pas sans rappeler, parfois, l'univers quantique décrit aujourd'hui par les physiciens...


Le temps du rêve

    Tout l'art aborigène est un reconstitution du Temps du Rêve - un ensemble de pratiques rituelles qui réinventent et maintiennent constamment le monde indigène par la répétition des mythes de la création aborigène appelés Rêves. Le concept du Temps du Rêve est parfois difficile à comprendre pour l'esprit occidental car il décrit un temps sans différenciation entre le passé, le présent et le futur. Il s'agit du temps primordial de la création, lorsque les ancêtres ont rêvé de la vie sur la terre et de toutes les créatures qui y vivent; il existe à la fois maintenant et au moment de sa reconstitution, pour maintenir et assurer la continuité de l'existence du monde. Mircea Eliade la décrit d'une autre manière, comme un "temps sacré" - "un temps mythique... non précédé d'un autre temps, car aucun temps ne pouvait exister avant l'apparition de la réalité racontée dans le mythe. La première manifestation d'une réalité est équivalente à sa création par des êtres divins : ainsi, retrouver ce temps d'origine implique la répétition rituelle de l'acte créateur du dieu".

    Grâce à un système de parenté élaboré, chaque homme et femme autochtone hérite des droits et responsabilités d'une partie spécifique du paysage et/ou du monde naturel, ainsi que du Rêve qui l'a créé, et des conceptions spécifiques qui abritent et évoquent les énergies ancestrales de ce Rêve. Ces droits et responsabilités sont toujours détenus en commun par deux individus ou deux groupes [l'un hérite par patralinéarité, l'autre par matralinéarité] et ils gèrent cet héritage en coopération. Par conséquent, pratiquement tout l'art aborigène de ce type est réalisé par au moins deux personnes.

Ground Art

    L'une des cérémonies aborigènes les plus sacrées se déroule en association avec un "art du terrain" élaboré. Dans le cadre de ces sculptures au sol, qui sont toujours sacrées et habituellement pratiquées en secret, des cercles concentriques sont utilisés pour permettre au pouvoir ancestral de faire surface, et aussi de retourner au sol. Les cercles concentriques, alternativement rouges et blancs, marquent l'endroit exact du désert où l'énergie de l'esprit du Grand Ancêtre est censée avoir émané du sol pour la première fois. Il s'agit d'une cérémonie d'initiation d'une grande puissance, au cours de laquelle un homme plus âgé, un chaman, initie les autres aux mystères primitifs de la vie des Aborigènes. Dans ce rituel, les initiés sont couchés avec leurs oreilles au sol pendant que le chaman martèle la terre de façon rythmée avec un gros bâton, qui représente le lien entre les humains et les esprits des ancêtres.
(...)
    Les autochtones voient tout comme un champ interconnecté d'émanations d'énergie subtile. Comme je l'ai déjà mentionné, dans la cosmologie autochtone, tout le temps existe en même temps. Tout contient dans sa forme la mémoire de sa création, son histoire et son avenir, ainsi que son présent, et les dessins utilisés pour les représenter reflètent cette perception de diverses manières. Ces images ne sont pas des dessins abstraits, mais des versions simplifiées de ce qui est réellement vu et/ou ressenti comme étant là. Une image peut indiquer les sources de nourriture dans une région, ainsi que les chemins qui y ont mené dans le passé, et peut même montrer des événements qui se sont produits lors de ces chasses.

Amy Lenzo extrait de Sandart- Ancient & Modern





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