[extrait] Matérialisme



    "Le matérialisme effréné de nos sociétés représente une menace pour notre bien-être psychique. Tout comme il existe des pollutions de l’air, de l’eau, de la nourriture, qui altèrent notre bien-être physique, il existe des pollutions sociales qui perturbent notre vie mentale.

Le matérialisme peut se définir ainsi : 1) la possession, le pouvoir et le statut social y représentent les valeurs les plus importantes ; 2) on valorise l’avoir au lieu de l’être, le faire au lieu du vivre, le montrer au lieu du savourer ; 3) la consommation est présentée comme la solution à nos besoins et nos aspirations.
(...) 
En se nichant dans nos états d’âme. On a pu montrer que plus une personne est triste, plus elle consomme dès lors qu’on oriente sa pensée vers des préoccupations égocentriques. Alors, dans nos sociétés flattant nos ego et nous offrant une profusion de choses à acheter, le réflexe sera d’autant plus facile.
La facilité, la rapidité, la dispersion, l’opulence bloquent en nous les expériences de lenteur et d’introspection ; elles entravent nos capacités de réflexion sur nous-mêmes et de régulation de nos équilibres intérieurs. 
(...)
C’est pourquoi toutes les études convergent : plus une personne (ou un groupe humain) est mue par des valeurs matérialistes, plus elle est malheureuse. C’est aussi simple que ça.
Le matérialisme nous arrache à ce qui fait notre identité et notre humanité.
(...)
Il nous faut donc inventer de nouvelles formes de société, au lieu de subir l’actuelle ou d’aspirer à revenir vers l’ancienne. Et pour cela, il faut progresser intérieurement : c’est lorsque le progrès matériel va plus vite que le progrès psychologique et spirituel que les humains souffrent. Lorsque les plus gros investissements des sociétés sont ceux qui sont destinés à produire plus et à faire consommer plus, sans qu’il y ait en face d’efforts collectifs destinés à accroître l’équilibre des esprits, tout le monde est en danger moral.

Nous nous battons pour protéger la vie sauvage, la faune, la flore… Ne devrions-nous pas faire de même pour notre vie intérieure ? Elle est, elle aussi, en grand danger."

Christophe André - Sérénité, 25 histoires d’équilibre intérieur - Odile Jacob

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